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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

Italien était comble, et chacun des morceaux exécutés a été accueilli avec un véritable enthousiasme. » Suivant le Ménestrel du 29 janvier et le feuilleton de Berlioz, la séance fut orageuse, les partisans et les détracteurs de Wagner discutant chaudement entre les morceaux et s’injuriant avec frénésie.

Fiorentino (Constitutionnel du 31 janvier)[1] se moqua assez plaisamment du public germanique venu aux Italiens pour fêter Wagner, des accoutrements inusités et des modes grotesques qui l’avaient choqué. « Des robes de satin jaune à corsage cramoisi ; des jupes bouffantes relevées d’une torsade d’or en guise de ceinture ; des petits chapeaux amarante à bords retroussés, des touffes de rubans cerise entremêlées de verroterie et de coquillages ; des panaches blancs plantés sur l’oreille ; enfin, les coiffures et les toilettes de l’avenir. »

Il traçait de Wagner un portrait peu flatté. « Il a le front beau, noble, élevé ; le bas du visage écrasé et vulgaire. On dirait que deux fées, l’une irritée, l’autre affectueuse et bonne, ont présidé à sa naissance. La fée de l’harmonie a caressé et embelli le front d’où devaient sortir tant de conceptions hardies et de pensées fortes ; la fée de la mélodie, prévoyant le mal que lui ferait cet enfant, s’est assise sur sa figure et lui a aplati le nez. »

Louis Lacombe écrivait dans la Revue Germani-

  1. Cet article a été réimprimé dans le second volume de Comédie et Comédiens (recueil de feuilletons), de Fiorentino, 2 vol. in-18. Paris, 1866, M. Lévy.