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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

que[1] : « Peu à peu, la salle se remplit de littérateurs, d’artistes, de gens du monde, les Allemands aidant. Enfin, Wagner parut et fut salué par des applaudissements réitérés ; c’était un tribut payé à son nom. Un pâle sourire effleura ses lèvres lorsqu’il se vit ainsi accueilli. Puis, saisissant le bâton de chef d’orchestre, il se disposa à conduire sa petite armée, sans pupitre devant lui, sans partition sous les yeux, par cœur en un mot. Et ce tour de force dura trois heures ; et pendant ces trois heures, il indiqua aux instrumentistes, aux choristes, les entrées, les rentrées, les nuances, avec une exactitude et une fidélité de mémoire inconcevables. » Suivant Gasperini[2] « ceux qui applaudissaient le plus bruyamment étaient ceux que le public parisien tient depuis longtemps en haute admiration : MM. Auber, Berlioz, Gounod, Gevaërt et Reyer ». — « Rossini se déclara admirateur de Wagner[3]. » La critique se divisa en deux camps : Franck-Marie, Gasperini, Reyer, Saint-Valry, Léon Leroy pour Wagner, Azevedo, Fétis, Chadeuil (du Siècle) contre. Chez Scudo, l’hostilité prit les proportions de la rage[4]. »

  1. La Revue germanique, consacrée exclusivement à la diffusion des œuvres allemandes et des nouvelles d’outre-Rhin, avait été fondée par Nefftzer et Ch. Dollfus.
  2. Courrier du dimanche du 29 janvier.
  3. Voir, à ce sujet, dans les Souvenirs de R. Wagner (trad. C. Benoît), la visite de Wagner à Rossini et l’entretien des deux compositeurs. Rossini me semble s’être moqué de son visiteur avec une bonhomie malicieuse et une spirituelle fausse modestie que son interlocuteur allemand eut la naïveté de prendre au sérieux.
  4. Richard Wagner, l’homme et le musicien à propos de Rienzi, par M. Éd. Drumont, Dentu, 1869.