Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

sant poliment au nouveau venu : — Pourriez-vous me faire entendre un morceau de votre composition ?

Le compositeur. — J’en ai toujours sur moi… (il donne la partition au chef d’orchestre). La marche des fiançailles ! (L’orchestre exécute une symphonie baroque, l’auteur annonce les motifs) : La demande en mariage…, départ pour la mairie…, adieux de la mère… (rentrée de trompette). À cheval, messieurs, à cheval !…

Grétry. — Ah ! çà, mais on dirait l’enterrement de Bastien, c’est l’air des Bottes de Bastien !

À la fin de la symphonie, le compositeur de l’avenir, brisé d’émotion, tombe par-dessus le trou du souffleur, dans les bras du chef d’orchestre.

Je ne sais rien de plus lugubre que la lecture d’une vieille revue !

Laissons de côté les détracteurs de Wagner qui, d’ailleurs, s’accordent avec les juges impartiaux, pour proclamer son succès, et passons à des appréciations plus bienveillantes.

Dans le Courrier du dimanche du 22 janvier 1860, Gasperini écrit un article enthousiaste sur Wagner. Il parle de ses tentatives de réforme de l’opéra en les dénaturant quelque peu, afin de ne pas effaroucher ses lecteurs. « Ainsi, les voix et l’orchestre, la poésie et la musique, les accessoires et les décors, tout s’enchaîne, se soutient, se corrobore ; tout concourt pour sa part à l’effet général, tout se sacrifie