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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

tuer la mélodie et réprouva cette ambition ridicule de vouloir tout exprimer au moyen de la musique, dont se sont si spirituellement moqués les auteurs du Carnaval des Revues. Le commentaire imprimé des concerts donnés aux Italiens condamne à lui seul la musique de Wagner, puisque cette musique ne peut se passer d’un programme explicatif. Quand l’artiste oublie sa théorie, concède Fillonneau, il est capable de composer de fort belles choses, telles que la marche de Tannhœuser, la marche et une romance de Lohengrin (il confond avec la romance de l’Étoile, chantée au second et au troisième concerts par Jules Lefort). Mais que les musiciens du passé ne redoutent pas trop la concurrence de Wagner ! « Ses fidèles en Allemagne sont dispersés dans deux ou trois villes ; il ne se fait chaque jour qu’un petit nombre de conversions ; en Angleterre, il a pour adeptes deux Allemands. »

J’ai eu la curiosité de rechercher la parodie dans laquelle les auteurs du Carnaval des Revues[1], Eug. Grangé et M. Ph. Gille, se sont, suivant le goût de Fillonneau, si spirituellement moqués de Wagner.

C’est au sixième tableau de cette pièce d’actualité qu’avait lieu l’entrée du compositeur de l’avenir aux Champs-Élysées, où il tombait, en s’annonçant à grand fracas, dans un groupe de musiciens du passé, Gluck et Grétry, Mozart et Weber. Grétry, s’adres-

  1. Pièce eu 2 actes et 9 tableaux, musique d’Offenbach. Jouée aux Bouffes-Parisiens le 10 février 1860.