Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/88

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l’on peut parfois traiter d’excessive. Non, il est impossible à tout esprit sincère que n’aveugle point la passion et le parti pris de méconnaître dans la musique de Wagner, je ne dirai pas l’existence, mais l’abondance de la mélodie. »

Une des plus importantes études consacrées au talent et aux œuvres de R. Wagner fut la chronique musicale donnée à la Revue germanique[1] par un écrivain compétent, un musicien sérieux, Louis Lacombe, mort il y a deux ans. Cette étude commence par une biographie très nette et très courte. Le critique compare ensuite les théories de Wagner à celles que Gluck exposa dans la dédicace italienne d’Alceste, il analyse la Communication à mes amis publiée en 1852. La théorie des personnages-types, dit-il, se retrouve en germe dans Don Juan, Robert le Diable et les Huguenots. Puis il raconte qu’il eut l’occasion de voir Wagner à Zurich et de lire la partition de Tannhœuser. Il fait ainsi le portrait du maître allemand : — « Son superbe front était éclairé par un regard plein de vivacité, d’éclat, de chaleur communicative. Il y avait dans toute sa personne quelque chose d’animé, d’ouvert, de puissant, de spirituel qui nous charma et nous nous rappelons encore, après dix longues années, l’impression que produisit sur nous son œil intelligent où semblait s’être logé un rayon de soleil. » Sur Lohengrin qu’il vit ensuite à Leipsig et sur Tannhœuser, il for-

  1. Numéro de février 1860.