Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/89

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mule un même jugement. — « De la hardiesse, du coloris, de la vigueur, de l’originalité, de la profondeur, une instrumentation sonore, splendide, de magnifiques effets d’orchestration, des chants rayonnants, une déclamation vraie, le pouvoir de séduire et d’entraîner, voilà ce que nous écrivons sur le beau côté de la médaille. On trouvera au revers l’indécision du dessin mélodique, une vague profusion dans les idées musicales plus préoccupées de rendre fidèlement la parole que de s’enchaîner logiquement entre elles ; l’abus de la sonorité, du trémolo, l’extrême fréquence des retours thématiques, la monotonie qui en résulte et les changements de tonalité survenant çà et là trop brusquement en raison de modulations enharmoniques non cherchées, mais acceptées un peu à la légère. » Il analyse enfin les fragments inscrits au programme du Théâtre-Italien, leur décerne de nombreux éloges et reproduit le commentaire de Wagner pour le prélude de Lohengrin. Tout en admirant ce morceau, il souhaiterait que « ce bel adagio eût une expression moins féerique et plus religieuse. »

Ém. Perrin donna à cette page symphonique des louanges enthousiastes : — « Quel admirable morceau que l’introduction instrumentale du Saint-Graal !… Qu’elle est heureuse, cette phrase mélodique qui semble venir, comme un chœur céleste, des profondeurs de l’infini, s’approche, grandit, éclate en gerbe lumineuse, puis s’éloigne, s’éteint et se perd, hissant dans l’air l’invisible sillage d’un murmure