Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/93

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ments électriques qui parcourent tout un public, jusqu’à son glacial silence quand le compositeur s’est égaré, tous ces renseignements qui servent de jalons à une œuvre nouvelle étaient perdus pour Wagner. »

Berlioz qui avait eu avec Wagner des relations anciennes à Paris, à Dresde et à Londres[1], Berlioz que nous avons vu dans le salon de la rue Newtonaux réceptions du mercredi, Berlioz connu pour avoir toujours préconisé le retour du drame lyrique à la conception Ce Gluck, était considéré dans le monde artistique un peu comme un disciple de Wagner. On s’attendait à le voir prendre fait et cause pour le musicien réformateur ; mais on oubliait que Berlioz, auteur d’un ouvrage en six actes intitulé : les Troyens, ne pouvait se montrer impartial à l’égard d’un rival qui, bientôt, allait devenir son plus redoutable concurrent à l’Opéra. Aussi enrageait-il de l’affectation de ses confrères à l’enrôler malgré lui parmi les apôtres de la musique du

  1. R. Wagner ayant été engagé, à la place de M. Costa, pour diriger pendant la saison 1855 les concerts de la Philharmonic Society, demeura à Londres cette année-là, du mois de mai au mois de juillet. Il se trouva par suite en rapport avec Berlioz qui dirigeait la New-Philarmonic et fit exécuter par cette Société (juin 1833) des fragments de Roméo et Juliette. Celui-ci, presque en même temps que Wagner, quitta Londres pour venir à Paris remplir ses fonctions de membre du jury de l’Exposition universelle.

    Les relations entre les deux musiciens furent évidemment amicales, à en juger par les termes flatteurs de la lettre à Richard Wagner, du 10 septembre 1855 (Correspondance inédite de Berlioz). Berlioz annonce à l’auteur des Nibelungen l’envoi de plusieurs de ses partitions. « Si vous pouviez me faire parvenir le Tannhœuser, vous me feriez bien plaisir. »