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l’avenir. Il ne put se tenir de s’en expliquer avec vivacité dans son feuilleton des Débats du 9 février 1860.

Il commence par analyser en musicien les divers morceaux exécutés aux trois concerts[1]. Son jugement sur l’ouverture du Vaisseau-fantôme, est conforme à l’opinion qu’il exprime sur cet opéra dans ses Mémoires. — « La marche et chœur du Tannhœuser est d’un éclat et d’une pompe superbes qu’augmente encore la sonorité spéciale du ton de si naturel majeur. On est bien sûr, sans voir la représentation de cette scène, qu’une telle musique accompagne les mouvements d’hommes vaillants et forts et couverts de brillantes armures. »

Après avoir donné l’analyse technique du prélude de Lohengrin, il ajoute : « Ce beau morceau ne contient aucune espèce de duretés. C’est suave, harmonieux autant que grand, fort et retentissant. Pour moi, c’est un chef-d’œuvre. » D’après lui, « les premières mesures du chœur des fiançailles rappellent un pauvre morceau des Deux nuits de Boïeldieu : La belle nuit, la belle fête ! introduit dans les vaudevilles et que tout le monde connaît à Paris.

« La grande marche en sol, qui ouvre le troisième acte, a produit à Paris, comme en Allemagne, une véritable commotion, malgré le vague de la pensée

  1. Le programme des autres concerts (1er et 8 février 1860) était conforme à celui du premier. On intercala seulement dans le second la romance de Tannhœuser, qui fut chantée par le baryton Jules Lefort.