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suivie de quelques coups de sifflet. La tempête définitive se déchaîna au milieu de l’air dans lequel Tannhæuser raconte son voyage à Rome. Cette fois, le bataillon des siffleurs disséminés donna tout entier, et jusqu’à la chute du rideau, il ne fut plus possible d’entendre une note. On avait d’ailleurs supprimé la seconde apparition de Vénus, ce qui abrégeait la conclusion. Le lendemain, je témoignai mon étonnement à un éditeur de musique intéressé dans la question : « On voulait en finir », me répondit-il.

— La tempête, dit M. Obin[1], se déchaîna tout à fait à la troisième représentation. On avait apporté des becs de clarinette, des cornets à bouquin ; au paradis, un spectateur soufflait dans un cornet à piston, et dans une avant-scène, on frappait à tour de bras sur une grosse cloche qui avait été portée là, Dieu sait comme.

Je me trouvai sur la scène ce soir-là, et Wagner, qui sortait de la loge du directeur, me dit en passant : « Je succombe à la cabale ».


Alph. Rover, dans son Histoire de l’Opéra (époque contemporaine)[2], soutient que « la dernière représentation faillit ne pas aller jusqu’au bout ; elle y parvint néanmoins, mais ce ne fut pas sans l’énergique intervention du directeur, qui avait promis à

  1. Journal des Débats du 23 avril 1895.
  2. 1 vol. in-16. Paris, 1875, Bachelin-Deflorenne.