Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/118

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La princesse s’est bien gardée de casser son bel éventail ; seulement, elle a dit en sortant du théâtre : — « Dans vingt-cinq ans, Wagner sera acclamé par tout Paris ».

Avec ses habitudes de luxe, Wagner s’était fort endetté pendant son séjour à Paris. Ses protecteurs lui vinrent en aide. M. Drumont rapporte que Flaxland qui, bien avant la représentation, avait acheté et payé la partition de Tannhæuser, offrit spontanément à l’auteur une somme importante en regrettant de ne pouvoir faire plus[1]. De la part d’un éditeur, ce trait de générosité me paraît si extraordinaire que je laisse à M. Drumont la responsabilité de l’anecdote. Au mois de juin, le comte Pourtalès, ministre de Prusse, lui offrit l’hospitalité dans l’hôtel de l’ambassade. Wagner quitta dès lors son appartement de la rue d’Aumale[2].

Pendant six mois, Wagner signa ses lettres : l’auteur sifflé de Tannhæuser. Tout en protestant, dans sa lettre à ses amis d’Allemagne écrite après la représentation

  1. Richard Wagner, l’homme et le musicien, à propos de Rienzi.
  2. Détail donné par M. Jullien dans son Richard Wagner.