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de cet opéra, qu’il n’a éprouvé aucune amertume de son échec, essayant même de le travestir en victoire, il affecte une désinvolture impertinente à l’égard du public français. — « Qu’aurais-je fait d’un succès à Paris ? » — Il veut dire par là qu’avec un génie aussi profondément allemand que le sien, il ne peut être prophète qu’en son pays.

Il prétend que la défectuosité de l’interprétation l’ayant édifié sur le parti qu’il pouvait tirer de l’Opéra de Paris pour réaliser sa conception du drame musical, il a plusieurs fois songé à retirer sa partition, qu’il aurait voulu le faire à la veille de la première. « De toute manière, le plus brillant accueil n’aurait pu me décider à suivre une longue série de représentations, vu le peu de plaisir que j’y prenais. »

Qu’il ait bientôt reconnu que, malgré la toute-puissance dont il s’était cru investi par la faveur du souverain, l’Académie impériale de musique ne renoncerait pas du jour au lendemain à toutes ses traditions, ne romprait pas avec la routine pour devenir l’instrument de sa réforme dramatique, cela ne peut faire doute.

Mais lorsque Wagner prétend qu’il était indifférent au succès, il pose pour les lecteurs d’outre-Rhin, il se drape fièrement dans sa mésaventure. D’après les souvenirs de