Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 24 —

à l’Empereur, et c’est ce qu’elle fit, deux jours après, à une soirée aux Tuileries. Elle dit à Sa Majesté qu’elle avait une grande prière à lui adresser et qu’il dépendait de l’Empereur qu’elle fût immédiatement exaucée. Sa Majesté répondit : « Eh bien, nous verrons si c’est possible. » Sur cela, la princesse exposa sa demande en disant que l’Opéra de Paris se devait de faire connaître aux Parisiens une œuvre du grand compositeur allemand Richard Wagner et qu’elle suppliait l’Empereur de donner l’ordre de faire représenter le Tannhæuser. Sa Majesté appela le comte Baciocchi[1] et lui dit textuellement ces mots : « La princesse de Metternich désirerait que

  1. À cette époque, les Beaux-Arts et les théâtres dépendaient du ministre d’État, mais, par un privilège spécial, l’Opéra, subventionné par la Liste civile, était géré par un surintendant qui faisait partie du ministère de la Maison de l’Empereur. Ces fonctions appartenaient au comte Baciocchi, premier chambellan de Napoléon III. À lui adressé, un ordre de l’Empereur ne pouvait qu’être obéi sans retard. Par un décret du 22 novembre 1860, le ministère d’État fut confié au comte Walewzki, qui eut dès lors l’administration supérieure de l’Opéra, tandis que la gestion du directeur était contrôlée par la Liste civile.

    Cette organisation compliquée étant devenue onéreuse à la Liste civile, prit fin en vertu d’un décret du 22 mars 1866, qui nomma un directeur responsable et mit la subvention à la charge de l’État.