Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/36

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et Dietsch, le chef d’orchestre, qui la comprenait fort mal. Les chanteurs s’inquiétaient de l’opposition qui se préparait et, au lieu de conquérir les bonnes grâces du monde des coulisses avec la souplesse et l’affabilité d’un Meyerbeer, Wagner fut, suivant M. Paul Lindau, « le véritable auteur de toutes ses tortures par son insociabilité et son outrecuidance, qui lui ont créé plus d’ennemis certes que sa musique. Il ennuyait, il agaçait tout le monde, et tout l’agaçait… »

On pourrait suspecter M. Paul Lindau d’une certaine hostilité à l’égard de Wagner, comme on le verra plus loin. Mais la violence de caractère du maître, son humeur despotique, sa rudesse vis-à-vis des artistes, surtout de ceux de l’orchestre, qui faisaient preuve d’une évidente mauvaise volonté, sont attestées non seulement par MM. Cormon et Petipa[1], mais encore par

    vues pour la mise en scène de Tannhæuser, une note de sa main indique qu’il comptait sur vingt-cinq ou trente représentations.

  1. « Aux répétitions, il allait se mettre dans le fond de la salle. Quand il voulait venir sur le devant de l’orchestre pour faire une observation aux artistes, au lieu de prendre le chemin du couloir, il enjambait les fauteuils, marchait sur les mains autant que sur les pieds, au risque de se casser bras et jambes. Un jour, s’étant trop fortement penché au-dessus de l’orchestre, il se brûla à un bec de la rampe. Vous comprenez qu’un homme si exigeant devait mécontenter beaucoup de personnes. »