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teur. Bien que l’inintelligence avec laquelle Dietsch conduisit l’orchestre et la « molle exécution » de sa musique dussent exaspérer l’auteur, il montra beaucoup de calme pendant cette soirée qui décidait du sort de son œuvre. « Il était bien disposé et d’humeur gaie », rapporte M. Obin.

Avant de rappeler les incidents de la soirée et d’apprécier l’attitude du public et de la presse à l’égard de l’œuvre de Wagner, il est bon d’examiner la manière dont elle fut présentée et défendue.

On a vu plus haut que l’Opéra avait l’ordre de ne rien refuser à l’auteur. La mise en scène fut magnifique, il n’y a qu’une voix sur ce point ; on a dit à l’époque qu’elle avait coûté 200, 250 et même 300,000 francs. C’est exagéré. J’ai vu les évaluations de la direction consignées sur des papiers conservés aux archives de l’Opéra. A. Royer prévoyait pour les décors une dépense de 35,000 francs ; pour les costumes, accessoires, frais supplémentaires 65, 000, en tout cent mille francs[1].

  1. La meute du Landgrave était composée de dix chiens. Il ne devait d’abord y en avoir que huit, et la dépense prévue par l’administration était, pour l’achat, de 1,200 à 1,500 francs ; pour la nourriture et l’entretien, de 100 francs par mois. Les gages du piqueur évalués à 100 francs par mois, et le produit de la revente des animaux à 700 francs environ.