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Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/67

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l’œuvre de Wagner devant un nombreux auditoire, nous eûmes l’idée avec des jeunes gens de mon âge, wagnériens comme moi, pour lui enlever toute influence sur ceux qui l’écoutaient, de lui couper brusquement la parole en lui disant : — Taisez-vous donc, colonel ! — Puis, formant un monôme, nous défilions devant lui en faisant le geste de tourner une manivelle d’orgue de Barbarie et en fredonnant son unique romance : Le Fil de la Vierge. » Mais ces plaisanteries n’eurent qu’un temps et, à la fin de la soirée, les discussions dans les couloirs devinrent aigres et menaçantes. De nombreuses provocations furent échangées. « En 1861, rapporte M. C. Mendès, Charles Baudelaire et moi fîmes le coup de poing contre les siffleurs ; je me rappelle même avoir reçu certaines bourrades que je rendis avec usure. » (Écho de Paris du 6 mai 1893.)


Ce fut contre le troisième acte, dit Wagner, que les chefs de l’opposition dirigèrent tous leurs efforts ; ils saisirent les prétextes les plus puérils pour troubler l’émotion des spectateurs par des cris et des éclats de rire. Mes interprètes ne se laissèrent pas désarçonner par les manifestations ; le public lui-même tint ferme et ne cessa d’accueillir mes chanteurs par des marques non équivoques de satisfaction. À la chute du rideau, il les rappela avec des applaudissements frénétiques, si