Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/72

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Du reste, Berlioz s’abstint de rendre compte dans les Débats de l’opéra de Wagner. Il laissa à son ami d’Ortigue le soin d’exécuter son rival. Le critique intérimaire examine d’abord et combat les théories dramatiques et mélodiques contenues dans la Lettre sur la musique. Son article (23 mars) est mesuré dans la forme, lourd et moins agressif que la plupart des comptes rendus. On y trouve cependant des plaisanteries de petitsjournaux, comme celle-ci sur la Bacchanale : — « On nous a raconté qu’à la première répétition du ballet, l’ordonnateur de la danse dit aux danseuses : — Mesdemoiselles, vous partirez au motif. Les danseuses, attendant le motif,

    l’Opéra. On ne peut pas sortir de cette musique de Tannhœuser La dernière répétition générale a été, dit-on, atroce, et n’a fini qu’à une heure du matin… Liszt va arriver pour soutenir l’école du charivari. »

    5 mars 1861. « On est très ému dans notre monde musical du scandale que va produire la représentation de Tannhæuser ; je ne vois que des gens furieux ; le ministre est sorti l’autre jour de la répétition dans un état de colère !… Wagner est évidemment fou. »

    14 mars 1861. « Ah ! Dieu du ciel, quelle représentation ! Quels éclats de rire ! Le Parisien s’est montré hier sous un jour tout nouveau ; il a ri du mauvais style musical, il a ri des polissonneries d’une orchestration bouffonne, il a ri des naïvetés d’un hautbois ; enfin, il comprend donc qu’il y a un style en musique… Quant aux horreurs, on les a sifflées splendidement. »