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Club et leurs amis achetèrent chez un armurier du passage de l’Opéra tout son assortiment de sifflets de chasse « M. Aguado, — nommons-le après d’autres, disait le Moustique, — distribuait les munitions. Un de ces aristocratiques sifflets fut happé au passage par la valeureuse princesse de Metternich, qui n’hésita pas à le glisser dans son corsage. » N’est-il pas, ce geste instinctif, d’une jolie crâneriez féminine ?

Cependant, M. le prince de Sagan, qui, en 1861, faisait déjà partie du Jockey-Club, proteste, au nom de ses anciens collègues, contre l’accusation dont ils furent l’objet[1].

D’où provenait cette hostilité des abonnés ? De l’absence de ballet, car la Baccha-

  1. « Le Jockey-Club, a-t-il dit à M. Fierens-Gevaert (Journal des Débats du 2 mai), n’avait pas de raisons particulières pour organiser une cabale. Au contraire, nous comptions dans le cercle deux membres, le comte Mosbourg, mort actuellement, et le marquis de Gaucourt qui étaient deux wagnériens absolument convaincus. Ils avaient été attachés d’ambassade à Vienne et étaient revenus en France tout à fait convertis à la nouvelle religion musicale. Tous les jours, ils nous parlaient de Wagner avec enthousiasme. C’est à eux que je dois d’être un wagnérien d’ancienne date. »

    Cela fait deux en tout, mais les autres ? M. de Sagan avoue en même temps qu’il avait été attiré à l’Opéra par l’annonce du bruit qu’on y ferait. Comment le Jockey-Club était-il si bien renseigné sur l’existence d’une cabale qu’aucun journal n’avait fait prévoir ?