Monde, que les deux articles insérés dans sa feuille, en faveur de mon dictionnaire, sont de Votre Seigneurie. Cette distinction est, sans doute, un honneur ; mais peu accoutumé, comme je le suis, aux faveurs des grands, je vous avoue que je ne sais trop ni comment je dois recevoir cet honneur, ni dans quels termes il convient de vous en exprimer ma reconnaissance.
Lorsque, pour obtenir de Votre Grâce quelque léger encouragement, je me hasardai à lui faire une visite, je me sentis, comme tout autre l’aurait été à ma place, pour ainsi dire, anéanti à l’idée de paraître en votre présence ; et il me semblait que, si j’avais le bonheur de fixer sur moi un de ces regards que je voyais tout le monde se disputer avec tant d’ardeur, il ne me resterait plus rien à désirer ; que je pourrais me proclamer : « Le vainqueur des vainqueurs de la terre. »
Mais vous accueillîtes avec si peu d’attention cette première démarche, que ni l’orgueil ni la modestie ne me permirent plus de continuer à vous faire ma cour. Cependant, pour paraître ainsi en public, j’avais épuisé tout l’art de plaire que peut posséder un homme de lettres, qui vit dans la retraite, étranger à toutes les manières souples et polies des courtisans. J’avais fait tout