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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

comment les gens de la capitale vivent. Et tu ne reviendras à la maison que quand tu auras dépensé toute cette somme d’argent ! » fit-elle tout en lui remettant une énorme bourse et un sac de voyage rempli de nécessaires.

— « Tu sais, ajouta le père, les gens de la capitale ne sont pas comme ceux d’ici. Tu feras attention surtout à tes affaires, car il y a là-bas beaucoup de voleurs terribles. Si l’on sait que tu as une bourse sur toi, on te la volera sans peine. Fais donc attention et sois toujours prudent ! »

Enfin, après avoir reçu mille autres conseils, Lieu-Jin partit pour Séoul où il arriva au bout de huit jours. En débarquant dans la capitale, il entra aussitôt dans la première auberge qu’il rencontra sur son chemin. Mais, se rappelant du prudent conseil de son père sur la subtilité des gens de capitale, il dit à son hôte :

— « Je vous avertis d’avance que je n’ai pas d’argent sur moi.

— « Eh ! quoi ? Si vous n’avez pas d’argent sur vous, comment allez-vous payer votre pension ? Nous ne pouvons vous accepter, allez-vous en » gronda l’hôte tout en invitant son pauvre client à partir.

Celui-ci alla chercher ailleurs une autre auberge. Il en trouva facilement une assez grande et luxueuse dont le patron, un gros bonhomme rubicond au ventre rondelet, était fort aimable. Lieu-Jin prit une chambre particulière. Cette fois-ci, il se garda bien de rien dire.

Le soir arriva, on lui servit le dîner. Mais le domestique qui le servait était un vieux garçon d’un sans-gêne inqualifiable. Peut-être avait-il