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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

deviné que le jeune voyageur était un idiot, et en voulait-il tirer profit ?… En tout cas il se mit à expliquer très complaisamment, des choses qu’on ne lui demandait pas. Il entretint Lieu-Jin des curiosités de la ville, des coins intéressants à visiter, des spectacles amusants à voir, des magasins à bon marché, et pour tout cela il s’offrit gracieusement à Lieu-Jin comme guide désintéressé. Puis il parla des plats qui étaient sur la table.

— « Voyons, savez-vous ce que c’est, mon bon monsieur ? je vais vous le dire ! » continua l’impertinent domestique sur un ton de protecteur tout en portant un énorme morceau de rôti dans sa bouche. Ainsi sous prétexte d’apprendre les noms des plats, il vida rapidement toutes les assiettes. Et quand il n’y eut plus rien à manger, le malin domestique s’empressa de débarrasser la table. Puis ayant souhaité le bonsoir à sa dupe, il s’en alla tranquillement.

Après la sortie du domestique, Lieu-Jin s’enferma dans sa chambre, heureux d’être seul.

Fatigué de longues journées de marche, il se préparait déjà à se coucher, quand tout à coup un problème assez difficile surgit : où mettre son sac de voyage avec sa bourse pour n’être pas volé. Car tout le monde connaissait la terrible subtilité des voleurs de Séoul. Il lui fallait absolument trouver un endroit pour cacher ses affaires, sans quoi il ne pouvait pas dormir. Ses yeux pleins d’inquiétude roulaient autour de la chambre, en quête d’une cachette sûre, quand soudain ils s’arrêtèrent sur une petite porte rectangulaire couverte d’un papier blanc, située au