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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

bien-aimés… » C’était une voix féminine qui ne m’était pas tout à fait inconnue ! J’attirai donc l’attention par quelques bruits. Alors une silhouette se dessina soudain dans l’ombre en disant : quelqu’un est là ? — Oui, qui êtes-vous ? lui demandai-je. Je suis la servante de la maison, mais… cette voix… fit la silhouette tout en allumant une bougie. À la clarté de cette lumière, je reconnus ma servante qui avait été toujours attachée à la personne de ma femme. Ah ! ciel qui vois-je ici, chuchota-t-elle tout en étouffant difficilement sa voix. — Et ta maîtresse où est-elle ? — Oh, seigneur, dit la servante d’une voix basse, ne songez pas à la revoir. Le généralissime l’a épousée, et maintenant elle l’aime trop pour vous réserver un bon accueil ! Fuyez ! seigneur, pour l’amour du Ciel ! On vous ôterait la vie, si vous étiez découvert !… — Comment ! folle ? Dieu condamne tes calomnies imbéciles ! Conduis-moi auprès d’elle, je veux la voir. Cédant à mon insistance la servante me dit : « Puisque vous y tenez, allez la voir tout de suite, car le généralissime vient de sortir. Elle me conduisit aussitôt auprès de sa maîtresse. Or, celle-ci, à mon grand étonnement, me regarda froidement, avec un air irrité. — Que venez-vous faire ici ? me dit-elle, surtout ne me parlez pas ! Je ne veux pas vous entendre, encore moins vous voir ! Disparaissez immédiatement ou votre tête payera votre audace ! »

Ici le bonze poussa un long soupir douloureux dans lequel on put comprendre un poignant cri de déception et surtout un dégoût de la femme !

— « Enfin ! continua-t-il, du reste je ne me rappelle plus ! Cependant quand je repris cons-