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CYRANETTE

chambre du devant réservée à la malade et dont les fenêtres s’ouvrent sur les pelouses du jardin et l’allée maîtresse de la chênaie.

Liette va mieux. Toutefois des précautions s’imposent si l’on veut éviter une rechute qui, d’après le docteur, serait très grave. Elle commence à se lever et même à quitter sa bergère, et elle pourrait descendre une heure ou deux chaque jour dans le parc, au bras de son mari, si les brumes et les nuées du Devon laissaient percer le pâle soleil d’automne. Mais l’humidité persiste ; un crachin tenace poisse l’air, enveloppe le rustique château d’une fine poussière d’embruns qui en détrempent les festons de lierre. Aussi Robert s’est-il rendu au conseil de son médecin, lequel, comme la jeune femme elle-même, estime que ce climat, si tempéré soit-il, ne lui convient pas. Encore faut-il pouvoir l’emmener. Et Mr. Wellstone, qui a des dispositions à prendre, préfère attendre qu’elle ait recouvré ses forces.

— Quand partons-nous ? interroge Liette, au bout d’un temps.

Il s’est assis à côté d’elle, car déjà elle ne tient plus en place.

— Dès que possible, mon enfant. Patientez encore quelques jours. À la première éclaircie, nous filerons.

Le sein de Liette se gonfle.

— Quelques jours et quelques jours, cela fait bien des jours, darling ! Et si la pluie ne cesse pas ? Pleut-il toujours comme ça, chez vous ?

— En cette saison-ci seulement. Vous avez vu la douceur de nos étés. Nos printemps sont également fort agréables. Mais en automne et en hiver, il arrive qu’il tombe beaucoup d’eau.

— Oui, beaucoup, murmure Liette.

Robert lui tient compagnie encore un moment, causant de choses et d’autres avec elle, notamment de l’arrivée possible des siens, à qui elle a demandé de venir la voir. S’ils viennent, comment fera-t-on ?