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CYRANETTE

XII

— Liette, j’ai à sortir, mon enfant. J’espère qu’en mon absence vous serez bien sage. Le médecin…

La jeune femme fait la moue :

— Oh ! le médecin… Il est comme Gerty : si on l’écoutait !… D’ailleurs, pour venir à bout de cette vilaine toux qui me déchire la poitrine, je sais bien ce qu’il me faudrait, darling. Il me faudrait changer d’air, aller un peu là où il y a du soleil. Quel malheur que la Savoie soit si loin ! Et puis, traverser l’eau en ce moment, je n’en aurais pas le courage. Ça vous secoue trop, la mer. Mais quand je serai mieux, nous irons à Chambéry, n’est-ce pas ?

— Certainement. Je ne veux pas vous voir rouler à la neurasthénie, chère petite. Et, puisque vous vous ennuyez tellement ici, j’ai décidé de vendre mes terres. Nous garderons le manoir, qui est le patrimoine d’une longue lignée de Wellstone et que je voudrais pouvoir transmettre à mon fils (si le Lord nous en donne un) comme je l’ai reçu de mon père. Mais nous n’y viendrons qu’en été et n’y séjournerons qu’autant qu’il vous plaira. Le reste du temps, nous serons en Savoie, à Brighton ou ailleurs.

Liette tend les bras au brave garçon qui, depuis cinq mois, s’applique patiemment à déchiffrer son étrange petite nature qui, pour lui, tient de la sphynge.

— Ça, c’est mignon, darling ! Je ne sais si nous aurons un fils, mais assurément vous êtes un amour de mari…

Ils sont à l’étage d’Oak Grove, dans la grande