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CYRANETTE

— Qu’attendez-vous pour me les monter ?

La maid, toujours impassible, redescend chercher les feuilles. Liette en déplie une et la parcourt fébrilement.

— Le communiqué… Où diable niche-t-il, le communiqué, dans vos gazettes anglaises, Mary ?

— Je ne sais pas, madame.

— Vous ne les lisez donc pas ?

— Non, madame.

— Eh bien, vous n’êtes guère curieuse, ma fille… Ah ! le voici, tenez, enfoui et comme caché dans le bas de cette colonne. Si c’était le compte rendu d’un match de boxe ou de football, il s’étalerait sous une manchette d’un pied, dans le haut de la première page. Mais un communiqué… peuh !

Elle s’arrête un instant et pousse un petit cri :

— Mais non, je n’y étais pas. Ça, ce n’est que le communiqué de l’armée d’Orient. L’autre, le bon, est bien en première page et en caractères gras. Il paraît même joliment intéressant !

Elle s’absorbe dans sa lecture, arrêtée par des mots rares, des termes techniques, des phrases, difficiles. Mais l’ensemble la satisfait beaucoup.

— Les Boches demandent la cessation immédiate des hostilités, Mary ! Hier, le maréchal Foch, mon compatriote, vous savez, a reçu leurs plénipotentiaires. On s’attend à la signature d’un armistice pour aujourd’hui. Vous voyez que j’ai bien fait de regarder dans le journal. Mr. Wellstone ne m’avait rien dit et, si je savais déjà que ça marchait très bien, je ne m’attendais pas à un pareil coup de théâtre.

Dans cet instant, du côté de la mer, des salves d’artillerie grondent formidablement. Ce sont les batteries côtières qui tonnent toutes à la fois, faisant trembler les vitres d’Oak Grove et jusqu’aux tableaux de la chambre.

— Mary !… Le canon !

— Oui, madame.

— Est-ce que les pourparlers sont rompus ? La