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CYRANETTE

Quand vous en serez au temps des cerises,
Si vous avez peur des chagrins d’amour,
Évitez les belles !
Moi qui ne crains pas les peines cruelles,
Je ne vivrai point sans souffrir un jour.

Et puisque ce jour est venu, ô Robert, je veux vous le chanter, le Lac. Je veux vous le chanter comme je vous l’aurais chanté là-bas, sur ses belles eaux dormantes, si je vous avais aimé comme vous aimait Denise :

Ô lac, l’année à peine a fini sa carrière
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir…
Un soir, t’en souvient-il, nous voguions en silence,
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux.
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Les flots harmonieux.

— Écoutez ! dit Fred, dans le parloir. Je crois que madame chante.

— Dieu l’assiste ! murmure Dora. Le rossignol aussi chante avant de rendre l’âme… Dépêchez-vous, John ! Mais dépêchez-vous donc, lambin ! Et ramenez vite la famille de madame, car, croyez-moi, il n’y a qu’un ange pour chanter un chant si suave…