lointains, fouillés, ciselés comme des fonds de vieux retables…
Mais tout ce beau lyrisme de M. Daliot n’a guère de succès près de ses filles, dont l’une pense toujours à Robert et dont l’autre a tant de choses à dire encore.
Dans leur chambre commune, après dîner, Juliette s’en paie à cœur joie :
— Et toi, chérie, qu’as-tu fait de beau, seule, ici, toute la sainte journée ? As-tu écrit à mon filleul, au moins ?
Denise ne peut que secouer la tête.
— Tiens ! tiens !… serions-nous en froid ? insiste curieusement Liette.
Quelque peu agacée, Nise a la riposte plus vive que d’habitude :
— Pourquoi veux-tu ?
— All right ! Mais remontre-moi sa photo. Je ne sais pas, elle ne m’a pas paru très réussie. À mon avis, il est bien mieux au naturel.
Denise s’exécute bon gré mal gré. Juliette examine le portrait de Mr. Wellstone, auquel, faute de temps, elle n’a accordé qu’un coup d’œil assez distrait. Cette fois, l’examen est plus posé, moins superficiel. Et le jugement y gagne.
— Mais si, c’est bien lui ! se ravise-t-elle. Les traits, l’expression, le regard même et jusqu’à cet air de distinction qui me plaît tant chez lui, tout y est… Ne trouves-tu pas, Nise ?
Nise, décidément, est muette ce soir. Elle s’en tire par un geste vague, aussi peu explicite que peu compromettant. Liette l’interprète d’ailleurs comme un assentiment et continue :
— Une riche idée qu’il a eue là, ce cher Robert. D’un autre, ça pourrait paraître prétentieux, cet envoi spontané de photo. Mais lui, il est si simple, si droit, si bon enfant ! Il n’aura songé qu’à m’être agréable.
Elle se recueille un instant, puis déclare :
— Tiens ! si jamais je me marie, — et je ne vois