Page:Sewrin, Brazier Jean qui pleure et Jean qui rit - 1815.djvu/19

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GUILLERET, riant.

Que t’est-il donc arrivé ?

M. et Mad. LEPITEUX.

Que vous est-il donc arrivé, mon ami ?

GUILLERET.

Est-ce que mes quinze cents francs sont ?..

BEAU-SOLEIL.

Vos quinze cents francs sont ad patres, mon père.

GUILLERET.

Tu ne les a pas portés chez M. Ribout ?

BEAU-SOLEIL.

Bah ! je n’ai pas seulement été à la moitié du chemin.

GUILLERET.

Tu as perdu ton sac d’argent ?

BEAU-SOLEIL.

Non.

Mad. GUILLERET.

On te l’a volé ?

BEAU-SOLEIL.

Je vais vous conter ça. Vous savez bien que j’allais chez M. Ribout ?


Air : Vive une jeune tête.

Pour me rendre à sa demeure,
À pied, trottant sans façon,
Je marchais depuis une heure,
Leste et gai comme un pinson.
Au détour d’une ruelle,
J’apperçois un villageois,
Qui me fait signe et m’appelle.
Moi, je me rends à sa voix.
Affectant un air débile,
Et des moyens épuisés,
Près d’une hotte immobile,
Il était les bras croisés ;
Le malin me remercie
D’arriver fort à-propos
Et poliment il me prie
De la charger sur son dos,
Moi, qui pour rendre un service,
Ne me fais pas prier, crac,
Pour faire ce bon office,
Par terre, je mets mon sac ;
Mon homme des plus ingambes,
Saute dessus lestement,
Es se sauve à toutes jambes,
En emportant votre argent.
Incertain, d’abord je flotte,
S’il faut courir ou crier,
Et je suis, devant la hotte,
Resté sot comme un panier.