Page:Sewrin, Brazier Jean qui pleure et Jean qui rit - 1815.djvu/21

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Scène VIII.

M. et Mad. GUILLERET, BEAU-SOLEIL.
GUILLERET.

Eh bien, ma femme, tu ne dis rien, tu réfléchis.

Mad. GUILLERET.

Écoute donc… cet argent que nous venons de perdre là…

GUILLERET.

Cet argent ?… oui, c’était une dette sacrée… Mais au bout du compte, j’ai voulu la payer, l’intention est réputée pour le fait. M. Ribout, maintenant attendra.

Mad. GUILLERET.

Et s’il ne veut pas attendre ?

GUILLERET.

Eh bien ! il nous actionnera, il fera vendre la maison, la ferme, les bestiaux ; la belle avance. Ma foi, si tu veux m’en croire, nous n’attendrons pas que les choses en viennent là.

Mad. GUILLERET.

Mon pauvre homme ! il n’y a pas moyen de prendre du chagrin avec toi.

GUILLERET.

J’en aurais peut-être si les huissiers venaient ici… Femme, n’ayons rien à démêler avec eux. Vendons la métairie et à la garde de dieu ! Nous irons nous reléguer quelque part, bien loin dans un petit coin, où nous vivrons sans embarras.

BEAU-SOLEIL.

C’est ça, à la garde de Dieu !

GUILLERET.

Est-ce un parti pris ? vendons-nous tout. Tu n’auras pas de regrets, femme ?

Mad. GUILLERET.

Non, ni toi ?

GUILLERET.

Ni moi.

Mad. GUILLERET.

Touche là.

BEAU-SOLEIL.

Je vais tout de suite faire un écriteau et mettre dessus : Domaine à vendre.

GUILLERET.

En grosses lettres, entends-tu ? Que ça se voie de loin.