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Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/165

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dans le monde ; ou que la volupté eſt le ſouverain bien : comprend-il ce qu’il veut réfuter, ou ne le comprend-il pas ? S’il le comprend, il faudra qu’il diſe que les ſentiments de l’épicurien ſont véritables ; mais par là il renverſera abſolument toute la philoſophie ſtoïcienne : et, s’il ne le comprend pas, il ne peut point diſputer contre l’épicurien.

Il faut répondre à peu près de meſme aux philoſophes des autres ſectes, quand ils veulent diſputer ſur des ſentiments oppoſez de quelques uns de leurs adverſaires. Car ſi comprendre une choſe, c’eſt la croire véritable, i ! s ne pourront jamais s’entendre, ni par conſéquent diſputer de quoy que ce ſoyt les uns contre les autres.

Mais pour dire quelque choſe de plus fort, & ceſſer de badiner, je dis que toute leur philoſophie dogmatique ſera renverſée ; & qu’au contraire la philoſophie ſceptique ſera fermement établie ; ſi on leur accorde qu’on ne peut pas diſputer touchant ce que l’on ne comprend pas, en prenant le mot comprendre dans le ſens qu’ils le prennent.

Car celuy qui prononce dogmatiquement ſur une choſe obſcure, doit dire qu’il prononce ou après avoir compris la choſe, ou avant que de l’avoir compriſe. S’il prononce avant que de l’avoir compriſe, il ne méritera aucune croyance. Que s’il prononce après