Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/203

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cette faculté compréhenſive eſt ſuperflue pour juger des choſes ; puiſque l’on avouera que l’on peut juger de quelques choſes ſans ſon aide. Mais ſi on doit juger des choies avec le ſecours de la faculté compréhenſive, comment prendrons nous une faculté compréhenſive particulière, qui n’eſt ni jugée, ni prouvée, pour nous ſervir à juger des autres facultez compréhenſives ? Il faudra que ceux qui en agiront ainſi, ſe ſervent d’une imagination pour juger des autres, & puis d’une ſeconde imagination pour juger de cette première, & ainſi de fuite juſqu’à l’infini. Mais on ne peut pas juger de cette enchaînure infinie de preuves. On ne peut donc trouver en aucune manière quelles ſont les facilitez compréhenſives, que l’on doit employer comme des règles de vérité, & quelles ſont celles dont on ne doit point ſe ſervir.

En un mot, ſi nous accordons que l’on doit juger des choſes ſelon le rapport des fantaiſies ou des imaginations, nous rétorquerons toujours ; & ſoyt que l’on veuille que l’on ajoute foi à toutes, du bien à quelques unes ſeulement, & non pas à d’autres, nous en conclurons toujours que l’on ne doit pas prendre les imaginations compréhenſives comme règles de vérité pour juger des choſes.