Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/299

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qu’ils diſent eux-meſmes, qu’une argumentation eſt véritable, qui de prémiſſes vraies, tire une concluſion vraie, dès qu’on nous propoſera un argument qui aura une fauſſe concluſion, nous ſaurons qu’il eſt faux, & nous ne le recevrons pas, parce qu’il faudra néceſſairement, ou que cet argument là n’ait pas la vertu de conclure, ou que ſes prémiſſes ne ſoyent pas vraies : comme on peut le voir évidemment par le raiſonnement ſuivant.

Une fauſſe concluſion dans un argument ou eſt une ſuite naturelle de la liaiſon des prémiſſes, ou n’en eſt pas une ſuite : ſi elle n’en eſt pas une ſuite, l’argument n’aura point la vertu de conclure ; car les dialecticyens diſent qu’un argument a cette vertu, dans lequel la concluſion ſuit la liaiſon des prémiſſes. Que ſi cette concluſion fauſſe ſuit naturellement des prémiſſes, il faut auſſi que la liaiſon des prémiſſes ſoyt fauſſe, ſelon les préceptes de l’art des dialecticyens ; car ils diſent que du faux ſuit le faux, mais que le vrai ne ſuit point du faux. Or il eſt évident, par ce que nous avons dit ci-deſſus, qu’un argument qui n’a point la vertu de conclure, & qui n’eſt point vrai, n’eſt pas meſme démontrable, ſelon eux : donc, ſi un argument nous étant propoſé, dont la concluſion ſoyt fauſſe, nous connaiſſons qu’il n’eſt point vrai & qu’il n’a point la vertu de conclure, par