Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/68

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ne nous y arrêtons pas plus longtemps, et concluons, que, si les mêmes choses qui sont agréables à quelques animaux, sont désagréables à d’autres et que si l’agréable, ou le désagréable consiste dans la perception, ou dans l’imagination, il faut nécessairement que les mêmes objets produisent de différentes perceptions dans les animaux. Or si les mêmes choses paraissent différentes à cause de la diversité des animaux, il est vrai que nous pourrons bien dire d’un objet, quel il nous paraît : mais nous nous en tiendrons à l’Époque, nous demeurerons en suspens, nous ne déciderons rien, s’il s’agit de dire quel il est véritablement et de sa nature. Car enfin nous ne pourrons pas juger, entre nos perceptions et celles des autres animaux, lesquelles des nôtres ou des leurs sont conformes à la nature des choses : et la raison de cela, c’est que nous sommes des parties discordantes et intéressées dans ce procès et que nous ne pouvons pas être juges dans notre propre cause. Mais de plus, nous ne pouvons préférer nos perceptions à celles des autres animaux, ni sans démonstration, ni avec quelque démonstration. Car, pour ne pas dire ici que peut-être il n’y a aucune démonstration sur quoi que ce soit, comme nous le ferons voir dans la suite, je dis que si l’on veut se servir ici de quelque démonstration, ou elle nous paraîtra telle, ou elle ne nous paraîtra