Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/322

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les affections dénaturées rendent sou-

    Claude, de Caligula, de Neron, de Galba, & le destin rapide de tous leurs Courtisans, & renonçons à nos principes, si dans la foule de ces Scélérats insignes qui déchirérent les entrailles de leur patrie & dont les fureurs ont ensanglanté toutes les pages, toutes les lignes de cette histoire, nous rencontrons un heureux. Choisissons entr’eux tous. Les délices de Caprée nous font-elles envier la condition de Tibere ? Remontons à l’origine de sa grandeur, suivons sa fortune, considérons-le dans sa retraite, appuyons sur sa fin ; & tout bien examiné, demandons-nous, si nous voudrions être à present ce qu’il fur autrefois, le tyran de son pays, le meurtrier des siens, l’esclave d’une troupe de prostituées, & Le protecteur d’une troupe d’esclaves ?… Point de milieu, il faut ou accepter le sort de ce Prince, s’il fut heureux, ou conclure avec son historien « Qu’en fondant l’ame des Tyrans, on y découvre des blessures incurables & que le corps n’est pas déchiré plus cruellement dans la torture, que l’esprit des méchans par les reproches continuels du crime. Si recludantur tyrannorum mentes, posse aspici laniatus & ictus ; quando ut corpora vulneribus, ita sœvitia, libidine, malis consultis animus dilaceretur ». Ce n’est pas tout. Si l’on parcourt les différens ordres de méchans qui remplissent la distance morale de Seneque à Neron, on distinguera de plus la misere actuelle dans une proportion constante avec la dépravation. Je m’attacherai seulement aux deux extrémités, Néron fait périr