Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/39

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dons atteindre à l’évidence & répandre quelques lumieres dans cet Eſſai, nous

    entiere impartialité, réduire au ſilence les paſſions dont il a plus à redouter que des raiſonnemens. Mais un Écrivain impartial, un Lecteur équitable ſont preſque deux êtres de raiſon, dans les matieres dont il s’agit ici. Je dirois donc à tous ceux qui ſe préparent d’entrer en lice contre le vice & l’impiété : Examinez—vous, avant que d’écrire. Si vous vous déterminez à prendre la plume, mettez dans vos Écrits le moins de bile & le plus de ſens que vous pourrez. Ne craignez point de donner trop d’eſprit à votre Antagoniſte. Faites-le paroître ſur le champ de bataille avec toute la force, toute l’adreſſe, tout l’art dont il eſt capable. Si vous voulez qu’il ſe confeſſe vaincu, ne l’attaquez point en lâche. Saiſiſſez-le corps à corps : prenez-le par les endroits les plus inacceſſibles. Avez-vous de la peine à le terraſſer ? n’en accuſez que vous-même : ſi vous avez fait les mêmes proviſions d’armes qu’Abbadie, & Ditton, vous ne riſquez rien à montrer ſur l’arêne la même franchiſe qu’eux. Mais ſi vous n’avez ni les nerfs ni la cuiraſſe de ces athletes, que ne demeurez-vous en repos ? Ignorez-vous qu’un ſot Livre en ce genre fait plus de mal en un jour, que le meilleur Ouvrage ne fera jamais de bien. Car telle eſt la méchanceté des hommes que, ſi vous n’avez rien dit qui vaille, on avilira votre cauſe, en vous faiſant l’honneur de croire qu’il n’y avoit rien de mieux à dire. J’avouerai cependant qu’il y a des hommes aſſez déréglés pour affecter l’Athéiſme &