Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/40

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ne pouvons nous diſpenſer de prendre les choſes de loin & de remonter à la

    l’irréligion, à qui par conſéquent il vaudroit mieux faire honte de leur vanité ridicule que de les combattre en forme. Car pourquoi chercheroit-on à les convaincre ? Ils ne ſont pas proprement incrédules. Si l’on en croyoit Montagne, il faudroit en renvoyer la converſion au Médecin : l’approche du danger leur fera perdre contenance. S’ils ſont aſſez fous, dit-il, ils ne ſont par aſſez forts. Ils ne lairront de joindre leurs mains vers le Ciel, ſi vous leur attachez un bon coup d’épée dans la poitrine ; & quand la crainte & la maladie aura appeſanti cette licencieuſe ferveur d’humeur volage, ils ne lairront de ſe revenir & laiſſer manier tout diſcretement aux créances & exemples publics. Autre choſe eſt un dogme ſérieuſement digéré ; autre choſe, ces impreſſions ſuperficielles leſquelles nées de la débauche d’un eſprit démanché, vont nageant témérairement & incertainement dans la fantaiſie. Hommes bien miſérables & écervelés qui tâchent d’être pires qu’ils ne peuvent. On ne peut s’empêcher de reconnoître dans cette peinture un très-grand nombre d’impies & il feroit peut-être à ſouhaiter qu’elle convînt à tous. Mais s’il y a quelques impies de bonne foi, comme la multitude des ouvrages dogmatiques lancés contr’eux ne permet pas d’en douter ; il eſt eſſentiel à l’intérêt & même à l’honneur de la Religion, qu’il n’y ait que les eſprits ſupérieurs qui ſe chargent de les combattre. Quant aux autres qui peuvent avoir autant & quelque-