Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/71

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dans son tempérament actuel. Donc la Créature sera bonne en ce sens, lorsqu’en suivant la pente de ses affections, elle aimera le bien, & le fera sans contrainte, & qu’elle haïra & fuira le mal, sans effroi pour le châtiment.

    & bien constituée reçoit de la Nature. C’est en ce sens qu’on dit d’un Chien de chasse, lorsqu’il est bon, qu’il n’est ni lâche ni opiniâtre, ni lent ni emporté, ni timide ni indocile ; mais ardent, intelligent & prompt.
      Une Bonté raisonnée propre à l’Etre pensant, qu’on appelle Vertu : qualité qui est d’autant plus méritoire en lui qu’étoient grandes les mauvaises dispositions qui constituent la méchanceté animale, & qu’il avoit à vaincre pour parvenir à la Bonté raisonnée. Exemple.
      Nous naissons tous plus ou moins dépravés ; les uns timides, ambitieux, & coleres ; les autres avares, indolens & téméraires : mais cette dépravation involontaire du tempérament ne rend point par elle-même, la Créature vicieuse : au contraire elle sert à relever son mérite, lorsqu’elle en triomphe, Le sage Socrate nâquit avec un penchant merveilleux à la luxure. Pour juger combien on est éloigné du sentiment impie & bizarre de ceux qui donnent tout au tempérament, vices & vertus ; on n’a qu’à lire la section suivante & sur-tout le commencement de la Section quatriéme.