les sons agissent perpétuellement sur nos yeux, affectent nos sens, lors
de beau ? Sans doute, mais ce n’est pas dans
la chose décrite ; c’est dans La description : il
n’est poins de monstre odieux qui par l’art imité
ne puisse plaire aux yeux : quelque difforme que
soit un Etre, (si toutesfois il y a diformité
réelle), il plaira, pourvu qu’il soit bien représenté.
Mais cette représentation qui me ravit,
ne suppose aucune beauté dans la chose : ce que
j’admire, c’est la conformité de l’Objet & de
la Peinture. La Peinture est belle ; mais l’Objet
n’est ni beau ni laid.
Pour satisfaire à cette objection, je demanderai
ce qu’on entend par un Monstre. Si l’on
désigne par ce terme un composé de parties
rassemblées au hazard, sans liaison, sans ordre,
sans harmonie, sans proportion, j’ose
assurer que la représentation de cet Etre ne
sera pas moins choquante que l’Etre lui-même.
En effet, si dans le dessein d’une Tête, un
Peintre s’étoit avisé de placer les dents au-dessous
du menton, les yeux à l’occiput, &
la langue au front ; si toutes ces parties avoients
encore entr’elles des grandeurs démesurées ;
si les dents étoient trop grandes & les yeux
trop petits, relativement à la Tête entiere, la
délicatesse du pinceau ne nous fera jamais admirer
cette figure. Mais, ajoutera-t’on, si nous ne l’admirons pas, c’est qu’elle ne ressemble à rien. Cela supposé, je refais la même question,
qu’entendez-vous donc par un Monstre ? Un
Etre qui ressemble à quelque chose, tel que la