Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/86

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Faire tort, ce n’est pas faire injustice : car un fils généreux peut, sans cesser de l’être, tuer par malheur ou par maladresse, son père au lieu de l’ennemi dont il s’efforçoit de le garantir ; mais si par une affection déplacée, il eut porté ses secours à quelqu’un d’autre, ou négligé les moyens de le conserver par défaut de tendresse, il eût été coupable d’injustice.

Si l’objet de notre affection est raisonnable, s’il est digne de notre ardeur & de nos soins, l’imperfection & la foiblesse des sens ne nous rendent point coupables d’injustice. Supposons qu’un homme dont le jugement est entier & les affections saines, mais la constitution si bizarre & les organes si dépravés, qu’à travers ces miroirs trompeurs il n’aperçoive les objets que défigurés, estropiés & tout autres qu’ils sont ; il