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ACTE II, SCÈNE I.

palémon.

Enlevez-moi aussi — la vie, quand il vous plaira !… Pourquoi l’envoie-t-on chercher ? — Peut-être va-t-il l’épouser : il est beau, — et il est vraisemblable que le duc a remarqué — sa noblesse et sa mine… Mais quelle perfidie ! — Pourquoi faut-il qu’un ami soit un traître ! Si cela — lui vaut une femme si noble et si belle, — que les honnêtes gens cessent à jamais d’aimer. Une fois encore — je voudrais revoir cette beauté !… Heureux jardin ! — Fruits et fleurs plus heureux encore, qui vous épanouissez — à la clarté de ses yeux radieux ! Je voudrais, — pour toute la fortune de ma vie future, — être ce petit arbre là-bas, cet abricotier en fleur ! — Comme j’étendrais, comme j’élancerais mes bras coquets — à sa fenêtre ! Je lui offrirais un fruit — digne du repas des dieux ; jeunesse et plaisir, — à mesure qu’elle goûterait, seraient doublés pour elle ; — et, si elle ne devenait pas céleste, je la ferais, du moins, — approcher tellement des divinités qu’elles en seraient jalouses ; — et alors je suis sûr qu’elle m’aimerait.

Entre le geôlier.

Eh bien, gardien ? — où est Arcite ?

le geôlier.

Banni. Le prince Pirithoüs — a obtenu sa mise en liberté ; mais il est contraint, — par serment et sous peine de mort, de ne jamais remettre le pied — dans ce royaume.

palémon.

C’est un homme bienheureux ! — Il reverra Thèbes, et il appellera aux armes — les hardis jeunes gens qui, quand il les lancera à la charge, — se précipiteront comme un jet de flamme. Arcite aura la chance, — s’il ose se montrer un amant digne d’elle, — de pouvoir risquer un combat, afin de la conquérir ; — si alors il la perd, il n’est qu’un blême couard. — Que de milliers d’exploits il peut accomplir —