Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/157

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SCÈNE XX.

cêrimon.

— Puissant seigneur, ils vont être portés chez moi, — où je vous invite à venir. Voyez ! Thaïsa est — revenue à elle.

thaïsa.

Oh ! laissez-moi le voir ! — S’il ne m’est rien, mon caractère sacré, — loin d’écouter la voix des sens, — l’étouffera, en dépit de ma vue… Oh ! monseigneur, — n’êtes-vous pas Périclès ? Vous avez sa voix, — vous avez ses traits. N’avez-vous pas parlé d’une tempête, — d’une naissance, d’une mort ?

périclès.

C’est la voix de la morte, de Thaïsa !

thaïsa.

— Je suis cette Thaïsa qu’on a supposée morte, — et noyée.

périclès.

— Immortelle Diane !

thaïsa.

À présent je vous reconnais mieux… — Quand, les larmes aux yeux, nous quittâmes Pentapolis, — le roi, mon père, vous donna un anneau comme celui-là.

Elle lui montre une bague.
périclès.

— Celui-là, celui-là ! Assez, grands dieux ! votre bonté présente — me fait un jeu de mes misères passées. Par grâce, faites — qu’au contact de ses lèvres je me fonde — de bonheur et qu’on ne me voie plus. Oh ! viens, et que je t’ensevelisse — une seconde fois dans mes bras.

marina.

Mon cœur — bondit pour s’élancer dans le sein de ma mère.

Elle s’agenouille devant Thaïsa.