Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/232

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ÉDOUARD III.

Mais me presser, par la persuasion ou par la menace — de ne pas tenir ma parole, — c’est un acte illégitime, et je ne suis pas tenu d’obéir.

charles.

— Eh quoi ! il est légitime de tuer son ennemi, — et il ne le serait pas de lui manquer de parole !

villiers.

— Oui, monseigneur, tuer, quand la guerre a été une fois déclarée, — et quand notre querelle est motivée par des offenses reçues, — c’est, sans nul doute, un acte légitimement permis. — Mais, quant à un serment, nous devons mûrement réfléchir — avant de le faire ; et, dès qu’une fois nous l’avons fait, — nous ne devons pas l’enfreindre, dussions-nous mourir. — Donc, monseigneur, je m’en retourne aussi volontiers — que si je volais au paradis.

Il va pour partir.
charles.

— Arrête, mon Villiers ; ta noblesse d’âme — mérite une éternelle admiration. — Ton vœu ne sera pas plus longtemps différé. — Donne-moi le papier ; je vais le signer.

Il signe, et rend le papier à Villiers.

— Jusqu’à présent, je t’aimais comme Villiers ; — désormais je t’embrasserai comme un autre moi-même ; — reste, et sois à jamais en faveur auprès de ton seigneur.

villiers.

— Je remercie humblement votre grâce ; je dois me hâter, — tout d’abord, d’envoyer ce passeport au comte, — et ensuite je me mettrai aux ordres de votre altesse.

charles.

— Fais, Villiers.

Villiers sort.

Que Charles ait toujours, en cas de besoin, — de pareils soldats, et advienne que pourra.