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SCÈNE X.

Entre le roi Jean.
le roi jean.

— Allons, Charles, aux armes ! Édouard est pris au piége, — le prince de Galles est tombé dans nos mains, — et nous l’avons enveloppé : il ne peut échapper.

charles.

— Mais votre altesse livrera-t-elle bataille aujourd’hui ?

le roi jean.

— N’est-ce pas le cas, mon fils ? Il est à peine fort de huit mille hommes, — et nous sommes soixante mille au moins.

charles.

— Mon gracieux seigneur, j’ai par écrit une prophétie — où est annoncé le succès que probablement — nous obtiendrons dans cette guerre furieuse : — elle m’a été remise sur le champ de bataille de Crécy — Par un vieil ermite du pays.

Il lit.
Quand l’oiseau emplumé fera trembler ton armée,
Quand les pierres s’envoleront et rompront ton front de bataille,
Songe alors à celui qui aujourd’hui se cache ;
Car ce sera le jour désastreux et terrible ;
Pourtant, à la fin, tu porteras tes pas
En Angleterre aussi loin que ton ennemi en France.

le roi jean.

— Cela semble annoncer que nous réussirons ; — car il est impossible que jamais les pierres — s’envolent et rompent un front de bataille, — ou qu’une plume d’oiseau fasse frémir des hommes d’armes ; — il est donc vraisemblable que nous ne serons pas vaincus ; — et, en admettant que nous devions l’être, nous finirons toujours ; — suivant cette promesse, par chasser d’ici nos ennemis — et