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ÉDOUARD III.

par ravager leur pays, comme il ont ravagé le nôtre, — de sorte que notre échec sera amoindri par ces représailles. — Mais ce ne sont là que de futiles imaginations, des chimères, des rêves. — Nous sommes sûrs, une bonne fois, de tenir le fils ; — nous attraperons ensuite le père comme nous pourrons.

Ils sortent.

SCÈNE XI.
[Le camp anglais.]
Entrent le prince de Galles, Audley et d’autres.
le prince de galles.

— Audley, les bras de la mort nous enlacent de toutes parts. — Une seule consolation nous reste, celle de payer en mourant — les arrhes amères d’une plus douce existence. — Dans les champs de Crécy les nuages de notre belliqueuse fumée — suffoquèrent les Français et les mirent en déroute. — Mais aujourd’hui leurs innombrables multitudes cachent, — comme avec un masque, le resplendissant soleil, — ne nous laissant d’autre horizon qu’une ombre sinistre — et l’aveugle terreur d’une nuit immense.

audley.

— La soudaine, rapide et formidable jonction — qu’ils ont faite, noble prince, est vraiment merveilleuse. — Devant nous, dans la vallée, se déploie le roi, — fort de tous les avantages que peuvent donner le ciel et la terre ; — ses troupes forment un front de bataille plus considérable que toute notre armée. — Son fils, l’arrogant duc de Normandie, — couvre la montagne à notre droite — d’un surtout de métal, si bien qu’en ce moment l’altière colline — semble une carrière, un orbe d’argent : — sur la côte, les ban-