se sont blottis d’effroi dans leurs cavernes ; — les feuilles ne bougent pas, le monde est assoupi et immobile, — les oiseaux ont cessé de chanter, et les ruisseaux errants — ne murmurent plus à leurs rives le salut familier. — Le silence guette quelque prodige, et attend — que le ciel proclame quelque prophétie. — Quel est le sens, quelle est la cause de ce silence, Charles ?
— Nos hommes, la bouche béante, l’œil fixe, — se considèrent comme s’ils attendaient — un mot les uns des autres, et pourtant pas un ne parle. — Une frayeur muette a fait partout la nuit, — et les paroles dorment dans toutes régions en éveil.
— Tout à l’heure encore le soleil, dans tout son éclat, — regardait le monde du haut de son char d’or, — et soudain il s’est voilé ; — de telle sorte que la terre au-dessous est comme une tombe, — sombre, funèbre, silencieuse et désolée.
— Écoutez ! quel est le cri sinistre que j’entends ?
— Voici mon frère Philippe qui vient.
— Tout effaré.
— Quelles terribles paroles ta mine présage-t-elle ?
— Malheur ! Malheur !
— Que parles-tu de malheur ? Ce mot pour nous est un mensonge.