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SCÈNE XV.

enchaînés et captifs ; le prince apporte le diadème du prisonnier — pour t’en couronner et te proclamer roi.

édouard.

— Arrière le deuil, Philippa ! essuie tes yeux ! — Sonnez, trompettes, en l’honneur de Plantagenet !

Longue fanfare. Entrent le prince de Galles ; Audley, Artois, accompagnés du roi Jean et de Philippe.

— Comme un objet longtemps égaré, et enfin retrouvé, — mon fils fait la joie de mon cœur, — dont tout à l’heure encore il faisait l’anxiété.

Il court au prince et l’embrasse.
PHILIPPA, embrassant le prince.

— Que ce baiser soit le gage expressif de mon bonheur, — car la profondeur de l’émotion m’empêche de parler !

LE PRINCE DE GALLES, offrant à Édouard la couronne de France.

— Mon gracieux père, recevez ici en don — cette guirlande de la victoire, cette palme de la guerre, — acquise au milieu des plus grands dangers — qui aient jamais été affrontés pour un objet de prix. — Que votre altesse prenne possession de ce qui lui appartient ! — Et, en même temps, je remets entre vos mains — ces prisonniers, principaux promoteurs de notre querelle.

édouard.

— Ainsi, Jean de France, je vois que vous tenez parole ; — vous aviez promis d’être auprès de nous — plus tôt que nous ne le pensions, et c’est en effet ce qui arrive. — Mais, si vous aviez commencé par faire ce que vous faites aujourd’hui, — que de cités seraient encore debout et intactes, — qui ne sont plus désormais qu’un tas de pierres informe ! — Que d’existences vous eussiez préservées, — qui se sont prématurément abîmées dans la tombe !