Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
ÉDOUARD III.

le roi jean.

— Édouard, ne rappelle pas les choses irréparables. — Dis-moi quelle rançon tu exiges de moi.

édouard.

— Ta rançon, Jean, sera fixée plus tard. — Mais d’abord il te faudra traverser les mers — pour voir quel accueil l’Angleterre te réserve ; — quel qu’il soit, il ne sera certes pas aussi mauvais — que celui que nous avons trouvé, dès notre arrivée, en France.

le roi jean.

— Malédiction ! tout cela m’avait été prédit, — mais j’avais mal interprété la parole du prophète.

le prince.

— Maintenant, père, voici la prière que fait Édouard :

Il s’agenouille et lève les mains vers le ciel.

— Ô Toi, dont la grâce a été mon plus fort bouclier, — puisque tu as daigné me choisir — pour être l’instrument de ta puissance, — permets également dans l’avenir que bien d’autres princes, — nés et élevés dans cette petite île, — se rendent à jamais fameux par de pareilles victoires. — Pour ma part, les sanglantes blessures que j’ai reçues, — les pénibles nuits que j’ai veillé sur le champ de bataille, — les luttes périlleuses que j’ai soutenues, — les terribles menaces que j’ai affrontées, — les chaleurs, les froidures, les souffrances que j’ai endurées, — me sembleraient bien douces, et je voudrais subir des maux vingt fois plus grands, — s’il se pouvait que les générations futures, en lisant — les pénibles épreuves de ma tendre jeunesse, — fussent enflammées d’une ardeur assez vive pour faire trembler et reculer — non-seulement le pays de France, — mais l’Espagne, la Turquie et toutes les nations — en butte au juste courroux de l’Angleterre !

édouard.

— Ici, lords anglais, nous proclamons une trêve, — une