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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE D’HOLINSHED.

ferait pas une enquête bien sérieuse pour découvrir ceux qui l’auraient expédié.

Enfin, sur les instances de mistress Arden, Mosby acquiesça à cet horrible projet. Sur quoi on introduisit Blackwill dans la maison de maître Arden, et on l’installa dans un cabinet au bout du parloir. Auparavant, on avait congédié tous les domestiques, hormis ceux qui étaient dans la confidence du meurtre projeté. Alors Mosby alla à la perte d’entrée et se tint là, ayant une robe de chambre de soie nouée autour de la ceinture. Il était entre six et sept heures du soir. Maître Arden, qui était allé chez un de ses voisins, nommé Dumpkin, pour régler certains comptes avec lui, rentra à la maison, et, trouvant Mosby debout près de la porte, lui demande s’il était temps de souper.

— Je ne le pense pas, répondit Mosby, le souper n’est pas prêt.

— Eh bien, dit maître Arden, faisons en attendant une partie de trictrac.

Et sur ce, ils se dirigèrent vers le parloir. Comme ils traversaient la salle à manger, maître Arden dit à sa femme qui se promenait là : « Comment va, mistress Alice ? » À quoi elle ne répondit que du bout des lèvres. Pendant ce temps-là, quelqu’un enchaînait la porte d’entrée.

Quand ils furent dans le parloir, Mosby s’assit sur le banc, ayant la face tournée vers le cabinet où était aposté Blackwill. Puis Michel, le valet de maître Arden, se plaça derrière son maître, ayant une chandelle à la main, pour cacher Blackwill, afin qu’Arden ne pût point l’apercevoir à son entrée.

Pendant la partie, Mosby dit ces paroles, qui semblaient être un mot d’ordre convenu pour l’apparition de Blackwill :

— Maintenant, monsieur, je puis vous prendre, si je veux.