Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/74

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PÉRICLÈS.

roi ce qu’il désirait, demanda à ne jamais connaître aucun de ses secrets. Je vois maintenant qu’il avait raison : car, pour peu qu’un roi dise à un homme d’être un coquin, il est obligé d’en être un par la teneur de son serment. Chut ! voici venir les seigneurs de Tyr.

Entrent Hèlicanus, Escanès et autres seigneurs.
hèlicanus.

— Vous n’avez pas, mes pairs de Tyr, — à discuter davantage sur le départ du roi. — La commission, scellée de son sceau, qu’il m’a confiée, — parle suffisamment : il est parti pour voyager.

THALIARD, à part.

Comment ! le roi est parti !

hèlicanus.

— Si au surplus vous tenez à savoir — pourquoi il est parti, sans avoir, pour ainsi dire, — pris congé de vos affections, je vais vous donner quelques éclaircissements. — Quand il était à Antioche…

THALIARD, à part.

Que dit-il d’Antioche ?

hèlicanus.

— Le roi Antiochus, (j’ignore pour quelle cause,) — conçut contre lui du déplaisir ; du moins Périclès le crut ; — et, craignant d’avoir commis quelque erreur ou quelque faute, — il a voulu, pour en témoigner son regret, se punir lui-même ; — il s’est donc jeté au milieu des périls d’une navigation — qui à chaque minute le met entre la vie et la mort.

THALIARD, à part.

Allons, je vois — que je ne serai pas encore pendu, quand je le voudrais ; — mais, puisqu’il est parti, le roi sera bien aise sans doute — qu’il se soit échappé de terre