Le vertueux prince,
À qui je donne ma bénédiction,
Est toujours à Tharse où par chacun
Ce qu’il dit est tenu pour texte sacré,
Et où, en mémoire de ses actes,
On lui élève une statue d’or :
Mais des nouvelles d’un genre différent
Sont apportées sous vos yeux ; qu’ai-je besoin de parler ?
Le bon Hélicanus est resté à Tyr,
Mais non, comme le frelon, pour manger le miel
Produit par d’autres ; tous ses efforts tendent
À détruire le mal et à faire vivre le bien.
Pour accomplir le désir de son prince,
Il lui mande tout ce qui arrive à Tyr :
Que Thaliard est venu avec la résolution criminelle
Et l’intention secrète de l’occire,
Et qu’il ne serait pas très-bon pour lui
De prolonger son séjour à Tharse.
Sur cet avis, le prince se remet en mer
Où il est rare qu’on se trouve à l’aise ;
En effet déjà le vent se met à souffler ;
Le tonnerre en haut, en bas les lames
Donnent de telles secousses que le navire,
Qui devait le protéger, naufrage et se brise ;
Et lui, le bon prince, ayant tout perdu,
Est par les vagues chassé de côte en côte.
Tout a péri, corps et biens,
Nul n’a échappé que lui.
Enfin la fortune, lasse de mal faire,
L’a jeté à la côte pour le mettre à l’aise.
Et le voici qui vient ; ce qui va s’ensuivre,