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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

sorte. Broyer ma cervelle ! oh ! horrible ! terrible !… Je crois que j’ai un sac de pruneaux dans ma poche.

Il met la main dans sa poche. Au moment où il va l’en tirer, entre le spectre d’Albanact qui le frappe sur le bras. Strumbo se sauve. Humber se met à sa poursuite. Tous deux disparaissent.
le spectre.

— Voilà la récompense de l’ambition coupable, — de l’usurpation et de la trahison. — Voilà les maux réservés à ceux — qui envahissent des terres — indépendantes de leur domination.

Il sort.

SCÈNE XVIII.
[Un palais.]
Entre Locrine, seul.
locrine.

— Le vieux Corinéius a vécu sept ans — pour le malheur de Locrine et la désolation de la belle Estrilde, — et il espère vivre sept ans encore. — Oh ! suprême Jupiter, annihile cet espoir. — Devrait-il respirer l’air du ciel, — devrait-il jouir des bienfaits de la vie, — devrait-il contempler le radieux soleil, — celui qui rend ma vie comparable à une mort affreuse ? — Vénus, fais disparaître de la terre ce monstre, — qui désobéit ainsi à tes commandements sacrés. — Cupidon, précipite dans le ténébreux enfer ce monstre — qui viole les lois délicieuses de ta mère. — Mars, armé de ton bouclier flamboyant — et de ton glaive meurtrier, fais périr — celui qui gêne Locrine dans ses plus douces joies. — Et pourtant malgré sa vigoureuse vigilance, — en dépit de ses yeux hostiles perçants comme les yeux